Très vite on peint, on s'installe confortablement tout contre la gamme lumineuse des tons. Bassam Geitani nous offre un itinéraire vers la matière, sensiblement.
D'emblée une palette nous est donnée: une persistance de ces menus détails qui glissent vers nous un à un et qui composent en virtuoses cette harmonie savante des mélanges, des variétés de matière. Liquidité des bleus, brillants ocres pâles, crissement des bruns, terre de sienne; l'œil escalade la vie dépeinte sur toile. Geitani, avide bâtisseur, assembleur, nous projette au cœur d'une structure dont il détient la clef.
On ne quitte pas une seconde le vertige du tressé des teintes, ce roulement du bleu d'orient, des nuits pensionnaires du bleu isatis Céleste architecture.
Des heures de la lumière défilent dans cette peinture, des heures chaudes picotant le sable matière. Grand erg beige-nougat, caramel-filet lumineux incrustés sur le sable, damiers où l'on se promène de case en case. Il faut avancer respectueusement et s'arrêter au tremblement d'une peau brune cuir sur le bleu; comprendre enfin le repos qu'elle offre à toutes ces teintes brûlantes, méditerranéennes.
La peinture de Bassam Geitani, texture, invite le regard à s'alanguir; elle nous apprend à composer avec l'association des formes et des matières, à tirer un peu plus de ces promenades d'un ton à l'autre, à nous laisser guider vers l'intérieur et le mouvement de la peinture.
Dominique MAGNE
Paris, 1996