Fayçal Sultan- Pour saluer un oiseau libre

February 03, 1999 to February 25, 1999
Solo
Galerie Janine Rubeiz

Fayçal Sultan- Pour saluer un oiseau libre

Sous le signe des rencontres

 

Ce tout récent travail de Fayçal Sultan s'organise autour de rencontres, de chocs et de défis.

Apparemment, il s'agit surtout d'Ounsi El Hajj, du face à face d'un peintre avec un poète, de la peinture avec la poésie.

Il y a le visage d'Ounsi, répété, presque anonymisé dans cette sérialisation, visage qui hante le tableau. Il y a les poèmes, manuscrits, devenus parole et dessin pour qu'ils se fondent l'immédiateté du regard. "Chaque poème est le début de la poésie, chaque amour est le début du ciel", écrit Ounsi. "Chaque tableau est le début du regard".

La méditation sur l'amour qu'est l'oeuvre du poète rencontre la même méditation chez le peintre. Le vocabulaire-clé de Fayçal est composé de l'oiseau-amant qui pose sur la chevelure de la femme aimée une couronne, signe de la royauté de la passion.

Cette insistance sur l'oiseau chez Fayçal est quête de message, comme si l'ange Gabriel se tenait en permanence parmi nous et se manifestait par son double, comme si la révélation était la préoccupation de toute poésie et de toute peinture. Femme, oiseau, mots et Nature, fragments de paysages et de couleurs, se rencontrent dans des agencements savants de poèmes et de peintures, se correspondent et se répondent, se frottent les uns contre les autres comme vaques contre vagues. Ce cataclysme silencieux permet à quelque chose de naître, de devenir possible, d'être rendu visible, de devenir signe, c'est-à-dire le terrain d'une autre présence qui n'est saisie que dans le ravissement de l'esprit.

Etel Adnan

Decembre 1998