Aucune chronologie. Valse des siècles, des décennies, des années.

1000 ans, l'âge que je me suis attribuée quand les aînés de mes petits enfants ont eu l'audace de me demander quel âge as-tu Huguette?

Mille ans sans hésitation aucune.

Ils m'ont cru.

Maintenant qu'ils ont l'âge de savoir le mien, 1075 ai-je dit, toujours avec la même assurance.

Le temps est plus plat encore qu'un désert.

Les choses dans ma vie se sont certes passées.

Quand, comment? quelle importance.

Combien de temps cela vous prend pour faire ceci ou cela?

La question que l'on me pose toujours.

Je ne porte pas de montre, est ma réponse.

Elle inclut toutes les réponses que je me suis toujours données par rapport au temps.

un peu, beaucoup?

L'important est de combler son temps avec ce que l'on aime faire, ou avec ce que l'on croit faire le mieux et avec le plus de plaisir. C'est un grand luxe de remplir ainsi son temps afin de mieux le savourer.

Si la mort nous surprend, alors qu'on fait ce que l'on a choisi de faire, on meurt sans envie de mourir, mais pas trop malheureux de quitter cette vie qu'on arrive à tant aimer en dépit de tout ce que l'on sait de malheurs, d'injustice et de souffrances.

La patience développée au long des années m'a servi à repousser la terreur de vivre et de mourir.

Plus je passe de temps sur une toile ou un papier, plus je me donne l'illusion de prolonger la vie. c'est de l'amour, ou je me trompe.

Huguette Caland

2006