A mon arrivée au liban fin Octobre, un atelier m'attendait qui dominait la baie de Jounieh. Kaslik a été le lieu où j'ai passé plus de 20 ans de ma vie, mes premières années de peintre. Je décidais de me mettre au travail sans tarder, d'une part pour terminer les toiles apportées avec moi, d'autre part pour travailler "from scratch" et voir l'effet qu'aurait sur mon travail ces lieux d'autrefois...
Quelle fut ma surprise de retrouver un amas de toiles de mes premières années de peintre: le petit port de Kaslik; "ghetto pour riches" .. la baie de Jounieh, les toiles de mes deux expositions de 1970: celle de Dar El Fan en Janvier et celle de mon atelier de Kaslik où Helen El Khal et moi avions montré, le temps d'une soirée, le travail de quelques mois, où chacune de nous avait traité à sa manière les mêmes sujets.
J'appelle Helen au secours n'osant pas toucher à ce lot de toiles en vrac, terrorisée de constater les dégâts du temps, de déménagements successifs, de nombreuses années de guerre...
Un sourire est revenu sur nos visages atterrés quand quelques toiles nous ont paru reconnaissables en dépit de la poussière qui les recouvrait..
Mes toiles d'alors contenaient les racines de mon travail d'aujourd'hui. La décision de montrer ces deux époques distantes de plus de trente ans s'imposait, ainsi que s'imposait le titre de mon exposition: "Introspective" Le concept de piliers, sur lequel j'ai commencé à travailler cette année dans mon atelier de Venice en Californie et que je m'apprêtais à poursuivre ici, a pris à mon insu une tournure totalement inattendue.
Si le concept en est resté, son contenu a changé comme par magie.
Les formes, les couleurs et mes coups de pinceaux avaient retrouvé leurs racines.
Certes, ces années d'absence n'ont pas été sans influencer mon travail, mais elles n'ont guère pu en altérer l'essence.
Huguette Caland
2002
A painter's brushstrokes are very much like the cursive elements that make up a unique signature. They seldom change through the years. Huguette's images, whether figurative or abstract, derive their aesthetic value specifically from the high emotive sensibility inherent in her brushstrokes. As such, her most recent works represent a process of purification in which she focuses exclusively on the power of the brushstroke in itself to invent new forms.
Helen Khal
December 2002