L'argent est un besoin quotidien; d'où les 365 toiles…. une pour chaque jour. En commençant ce projet, cela me paraissait impossible de le mener à terme, mais au fur et à mesure que le but approchait... je me suis rendue compte que le sujet était loin d'être épuisé et que les 365 toiles n'étaient encore que trop peu face à l'amplitude du propos...
Dans toutes les cultures du monde, dans toutes les langues, les dictons, les proverbes pleuvent... sans compter tout ce que l'on peut faire ou imaginer rien qu'en observant les billets ou les pièces, depuis l'ère du troc jusqu'à nos jours où les cartes de crédit et les machines de toutes sortes sont venues donner un caractère immatériel à la plus concrète des matières...
Le temps que cela m'a pris -plusieurs mois- m'a permis en quelque sorte de réévaluer les valeurs... et de beaucoup réfléchir sur le sujet. En même temps que l'argent devenait plus abstrait sous le pinceau ou entre mes doigts, je découvrais que je traitais les monnaies lourdes: dollars, yens, marks, avec plus de respect que les autres dont la côte sur le marché les rendait d'autant plus malléables qu'elles étaient inconsistantes. Je pouvais les froisser, les découper, les déchirer et en tapisser une surface de 25 cm à un moindre prix que ce qu'il fallait de colle et de peinture pour mes toiles.
Si l'argent ne fait pas le bonheur, comme je le répétais à ma mère durant ma turbulente adolescence, il y contribue largement comme elle me le répétait en écho, ayant éprouvé elle-même que les problèmes d'argent sont presque toujours des problèmes de manque d'argent.
Mais cette réflexion sur l'argent pourrait s'étendre à l'infini... Il fallait bien s'arrêter au dernier jour de l'année et passer à autre chose.
Je veux espérer que vous sourirez en regardant cette exposition autant que j'ai souri en la préparant.
Venice, Décembre 1999
Huguette Caland