Dans mes peintures, la matière est le témoin d'un processus de construction d'une image dans laquelle les souvenirs, les questionnements et les émotions créent, à chaque fois, une nouvelle expérience esthétique.
Je récupère dans mes toiles, une partie de la mémoire de ma jeunesse vécue à Beyrouth. Ces peintures possèdent une série de textures, d'extraits d'écriture, de sortes de déchirures qui sont la métaphore d'un conflit d'appartenance et d'une quête dans le territoire de l'identité.
Dans cette recherche, s'établit un affrontement dialectique entre les souvenirs, les émotions et les nouveaux événements. Ce dialogue définit les actions qui affectent la matière, les liaisons qui s'établissent entre les couleurs, les textures et les symboles toujours masqués. Ainsi, la peinture devient une action avec sa propre histoire laquelle se développe à travers ma pratique picturale.
Dans mes œuvres plus récentes apparaît une partie du corps, le pied, gravé et caché, il est la trace d'un parcours déchiré, il témoigne de l'immobilisation, de l'épuisement d'un conflit entre l'identité et le lieu.
Joseph Chahfé