Mireille Honeïn - Les Pilliers du Pouvoir

January 17, 2007 to February 03, 2007
Solo
Galerie Janine Rubeiz

Mireille Honeïn - Les Pilliers du Pouvoir

Nos Navires Night

Elle observe, elle voit, elle entend, elle comprend puis elle dynamite. Sainement. Nécessairement. Radicalement. Il y a urgence. Ici comme ailleurs, ici plus qu'ailleurs, l'uniformité, le clonage, la monochromie, l'endoctrinement et l'intoxication se sont alliés; cet abortif et insensé quintette s'attaque, ici comme ailleurs, ici plus qu'ailleurs, à ce qui fait (sur)vivre un peuple : Sa diversité, sa pluralité, son métissage. Le quintette kidnappe le rire, rigidifie le geste, normalise le mot, délave le cerveau. Alors Mireille Honein dvnamite; l'art est le plus beau, le plus efficace des TNT, l'antidote idéal contre ces labbayka, ces bel rouh bel dam, ces échos mortifères du moyenâgeux, du marécageux Heil; elle dynamite pour que chaque homme dans sa nuit, captif amoureux, ici comme ailleurs, ici plus qu'ailleurs, se souvienne qu'il est en vie; elle dynamite pour que s'émancipent cet homme, cette femme, qu'ils s'échappent du noir bateau, qu'ils jettent à la mer ces grenades gentiment mises à leurs pieds, prêtes à l'emploi, prêtes contre l'autre, celui qui ne fait pas le même geste, dit le même mot, regarde dans la même direction, suit la même voix; elle dynamite parce que, ici comme ailleurs, ici plus qu'ailleurs, prisonniers, ils ont oublié qu'il y a, tout près, à portée de doigts, un quai, un sourire, une aurore ; elle dynamite pour prévenir, pour guérir, pour que s'estompent enfin ces dix mille, ces trente mille, ces cent mille Guernica intracrâniens ; elle dynamite pour réveiller, désensorceler, son abracadabra à elle, est pour eux à la fois une joie et une souffrance, son abracadabra, elle le leur tend, elle le leur porte, elle le leur brandit, féerie pour une autre foi, il rompt leur négritude, il les libère, la joie et la souffrance de penser en solitaire. L'abracadabra de Mireille Honein est un miroir. De l'autre côté, il y a la lumière du jour.

Ziyad MAKHOUL

 

Oui, l'Art est une thérapie, il est donc dangereux d'en abuser.

A force de traiter ma douleur par une immersion dans l'art ma souffrance est devenue intolérable..

Après avoir interpellé en moi la pensée de l'humain l'alterité , le couple, l'egalité; je m'essaie à oser penser l'inhumain, à représenter ses forces d'agression, à discerner les violences destructrices de celles qui alimentent la protestation.

L'incertitude plonge dans l'angoisse, la lassitude et le désespoir; elle éteint la parole propre sur l'humain.

Ma parole est volumes, espaces, mouvements.

Elle est tentative pour dépasser les clivages et faire surgir la vie.

Mireille Honein