Le Feu de L'Eau
En mai 2011, un grand tableau de Zad Moultaka intitulé Sans titre - Bleu était présenté au Beirut Exhibition Center, lors de l'exposition « Rebirth » organisée par Janine Maamari, qui témoignait de la vitalité de la création contemporaine libanaise. La galeriste Nadine Begdache, liée d'une amitié complice au compositeur depuis leur rencontre en 1998 au Festival de Baalbeck, s'engage aussitôt et lui propose de réaliser sa première exposition personnelle au Liban.
C'est dans la profondeur de la nuit et le silence de son atelier, que surgit un brusque changement dans le cours du travail de peinture de Zad Moultaka. Une suite de révélations opère successivement une totale transmutation de sa créa-tion. Apparaît en quelques jours le commencement d'une série de peintures, que l'artiste intitulera bientôt Le Feu de l'Eau. Le titre, évocateur d'éléments symboles de purification et de fertilisation, mais aussi, de destruction, invoque des valeurs inhérentes à la création chez Zad Moultaka : l'ambivalence, les contraires, la dualité - à travers des techniques antagonistes telles l'eau et l'essence. Avec le pli, la déchirure, il explore les limites de la matière, ainsi que les siennes propres, et expérimente fragilité et fragmentation.
Les œuvres qui seront exposées au mois de juin prochain, ont été pour la plupart créées à la montagne, non loin de Beyrouth, au cours de l'été 2012, dans une absolue urgence, une immersion totale de l'artiste. Les événements ont ouvert sur la production d'un corpus tout à fait inédit et, c'est un ensemble d'une présence puissante et brutale, un choix de grands formats, que Nadine Begdache offrira bientôt au regard, au sein de la Galerie Janine Rubeiz.
Sophie Lambert