Yvette Achkar, Libanaise née au Brésil en 1928, tient sans conteste, depuis les années 60, une des premières places parmi les peintres libanais. Elle est aussi l'une des dernières à pratiquer une peinture sans compromis ni concession, nourrie à la fois de sa double culture humaniste et scientifique, de sa réflexion sur l'art et de son expérience de la vie.
Pour elle, la couleur est poésie et présence. L'espace est la grande quête, mais il faut lui donner corps, et c'est là que commence, à travers sa création, le processus de matérialisation de l'infini.
« Il s'agit d'une mise en question dans un espace qui a son langage sans référence du connue, la seule référence étant soi, l'intériorité de chacun, parce que rien ne vient de rien et que tout existe déjà. »
Elle reconnaît avoir vécu, ces dernières années, une transition intéressante vers une liberté totale.
François Sargologo, né au Liban en 1955, artiste multisupports, plasticien, nous convie avec cette nouvelle exposition à un voyage esthétique et sensible sur les traces du souvenir et de l'image.
Ici, le propos est à la fois simple et évident, et pourtant d'une puissance sans réserve : à partir de l'inspiration puisée dans l'antre de Beyrouth, comment intégrer l'inacceptable, faire sienne, « quand même », une histoire subie et non choisie pour créer une œuvre sensible et personnelle ?
Ses constructions cèdent la place à des étendues de couleurs denses - rouge fort, bleu intense, noir de chine... Quelque chose de puissant se trame dans cet air saturé de poésie. Et comme au détour, comme remontés par hasard, les traits affleurent, roches trop dures pour être usées complètement par la vie qui va son chemin.
De ces images, il ne reste bientôt plus rien et pourtant chacune de ces peintures y prend sa source. Des bouts de mémoire puissants comme ces trous noirs dans l'espace qu'on ne voit pas mais qui attirent à eux, par lampées gourmandes, des morceaux d'univers.
Une force nous attend là, dans ces toiles de la maturité ; pour chacune existe un voyage où Francois Sargologo met à nu sa relation créatrice avec le temps.